Poème 'Éloge et pouvoir de l’absence' de Victor SEGALEN dans 'Stèles (du Milieu)'

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Éloge et pouvoir de l’absence

Victor SEGALEN
Recueil : "Stèles (du Milieu)"

Je ne prétends point être là, ni survenir à l’improviste, ni paraître en habits et chair, ni gouverner par le poids visible de ma personne,

Ni répondre aux censeurs, de ma voix ; aux rebelles, d’un oeil implacable ; aux ministres fautifs, d’un geste qui suspendrait les têtes à mes ongles.

Je règne par l’étonnant pouvoir de l’absence. Mes deux cent soixante-dix palais tramés entre eux de galeries opaques s’emplissent seulement de mes traces alternées.

Et des musiques jouent en l’honneur de mon ombre ; des officiers saluent mon siège vide ; mes femmes apprécient mieux l’honneur des nuits où je ne daigne pas.

Égal aux Génies qu’on ne peut récuser puisqu’invisibles, — nulle arme ni poison ne saura venir où m’atteindre.

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Commentaires

  1. Ministre imaginaire
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    L'empereur a nommé un ministre fictif
    Et même inexistant, ce qui est bien commode :
    Car jamais ses décrets ne passeront de mode,
    Jamais ne faiblira son effort inactif.

    Pour porter assistance à cet illustre absent,
    Vous serez quatre cents, valets imaginaires ;
    Jamais ne fut si riche un vaillant ministère,
    Non-existant, d'accord, mais diablement puissant.

    Autant l'opposition que la majorité
    Admirent, de ce fait, la sagesse impériale :
    Au trône même, un jour, par une loi spéciale,
    Ce rien pour successeur sera plébiscité.

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