Poème 'Départ' de Victor SEGALEN dans 'Stèles (face au Midi)'

Départ

Victor SEGALEN
Recueil : "Stèles (face au Midi)"

Ici, l’Empire au centre du monde. La terre ouverte au labeur des vivants. Le continent milieu des Quatre-mers. La vie enclose, propice au juste, au bonheur, à la conformité.

Où les hommes se lèvent, se courbent, se saluent à la mesure de leurs rangs. Où les frères connaissent leurs catégories  : et tout s’ordonne sous l’influx clarificateur du Ciel.

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Là, l’Occident miraculeux, plein de montagnes au-dessus des nuages ; avec ses palais volants, ses temples légers, ses tours que le vent promène.

Tout est prodige et tout inattendu : le confus s’agite : la Reine aux désirs changeants tient sa cour. Nul être de raison jamais ne s’y aventure.

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Son âme, c’est vers Là que, par magie, Mou-wang l’a projetée en rêve. C’est vers là qu’il veut porter ses pas.

Avant que de quitter l’Empire pour rejoindre son âme, il en a fixé, d’Ici, le départ.

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Commentaires

  1. Ici, le jardin polaire du cloporte. La terrasse où l'on boit des apéritifs. Le lac tranquille où vont se baigner tous les méridiens. La vie d'ermite, propice au rêve, au délire, à la versification.
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    Où les cartes à jouer saluent le Maître à la mesure de leurs hauteurs et de leurs couleurs. Où les disciples connaissent les fables : et tout s’ordonne avec un coup à boire

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    Là, chez les habitants de l'Ouest, plein de tigres minuscules ; avec une jeune bergère, un gyrovague sur la plage, et les pièces de jeu d'échec polychromes, que le vent promène.
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    Le monde est tout bizarre, encore aujourd'hui : le sureau s’agite : la méduse aux désirs changeants tient sa cour. Nul corbeau tordu jamais ne s’y aventure.

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    Sa plus belle paire de chaussettes, c’est justement à cet endroit que, par magie, Yake Lakang l’a projetée en rêve. C’est vers là qu’il a failli envoyer ses pieds par la même occasion.
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    Ensuite il les reprend toutes les deux car il est urgent qu'elles soient lavées.

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